CHAMPIONNATS DU MONDE - IRONMAN NICE
Cinq ans après mes débuts en triathlon, me voilà au départ des championnats du monde Ironman à Nice, une course pour laquelle je me suis qualifié sur l’Ironman de Barcelone 2024 grâce à un chrono de 9h04 et une 6ᵉ place dans ma catégorie d’âge.
Le parcours niçois est exigeant, taillé pour les grimpeurs, avec 2 500 mètres de dénivelé positif à vélo et un plateau de 3 200 des meilleurs athlètes du monde au départ.
L’objectif était clair : performer, apprendre et me mesurer aux meilleurs sur la planète Ironman. Entre la rigueur de la préparation, la gestion de course et l’intensité du moment, Nice restera une étape clé dans ma progression vers le haut niveau.
Le matin de la course, on apprend que la natation se fera sans combinaison. Pas vraiment à mon avantage, étant un nageur moyen, mais c’est le jeu. Le départ se fait en mass start par catégorie d’âge. L’ambiance est unique : lever du soleil sur la Baie des Anges, Marseillaise qui résonne, mer d’un bleu transparent. Le genre de moment où tu sens que tu vis quelque chose de grand.
Une fois le coup de canon donné, c’est le bouillon habituel : bras, jambes, bulles, impossible de poser la nage au début. Rapidement, j’essaie de retrouver mon rythme, en sachant très bien que je vais concéder du temps sur les meilleurs. L’objectif est simple : limiter la casse et préparer la remontada à vélo, mon point fort.
Je sors de l’eau aux alentours du top 150.
C’est parti pour 180 km et 2 500 m de D+ sur un parcours aussi magnifique qu’exigeant. Je pars fort, très fort même : les deux premières heures à près de 300 watts. L’objectif est clair — retrouver un groupe d’athlètes de mon niveau pour créer une dynamique de course et maintenir un bon tempo.
Les paysages sont sublimes, typiques de l’arrière-pays niçois. Je profite des montées et de la vitesse réduite pour les contempler. Mais l’effort devient vite pénible, plus difficile, et les descentes piégeuses me ramènent à la réalité : ne pas se laisser sortir de la course, rester focus.
La fin du vélo est difficile. Un gel manquant, sans doute, et la lucidité qui s’effrite à mesure que la transition approche. La tête veut continuer à pousser, mais les jambes commencent à discuter.
Le retour sur la Promenade des Anglais est un moment à part : la foule, les applaudissements, la ligne de transition. Je pose le vélo dans le top 60 de la course. Le job est fait. Place à la course à pied mais dans quel état ?
C’est parti pour 42 km de folie, devant plus de dix mille spectateurs. L’ambiance est juste incroyable : la Promenade des Anglais en ébullition, les cris, les encouragements, la ferveur. Impossible de ne pas se laisser porter.
Rapidement, un petit groupe se forme, composé de quelques pros. On part vite, autour de 4’00/km. Je me dis que ce n’est pas un jour comme les autres, alors autant prendre des risques, quitte à exploser.
Le semi-marathon passe, toujours sur la même allure. Sur les portions en aller-retour, je croise les plus grands noms du triathlon mondial : Blummenfelt, Laidlow, Lange… À ce moment-là, je me dis : “Décidément, cette journée n’a aucun sens !”
Mais la chaleur et le rythme infernal finissent par me rattraper. Les jambes deviennent lourdes, la lucidité s’étire. Je serre les dents jusqu’au bout et boucle ce marathon en un peu plus de 3 heures, pour décrocher une 39ᵉ place sur ces championnats du monde Ironman.
À l’arrivée, je sens que je suis dans un état second. Le corps vidé, la tête saturée. Je prends le temps de souffler dans le Garden athlète, de me ravitailler calmement et de reprendre mes esprits.
Ce trop-plein d’effort, de bruit et d’émotions est toujours difficile à maîtriser. Même avec l’expérience, il y a ce moment où tout retombe d’un coup.
Je termine cette journée avec la sensation du devoir accompli. Celle d’avoir franchi un nouveau cap dans ma progression et dans ma quête du haut niveau. Une journée unique, à la fois éprouvante et marquante, qui restera comme une étape clé de mon parcours.